
Sous les frondaisons du Palais des Arts et de la Culture, à l’ombre d’une ville jadis saluée comme « la Verte », une voix s’est élevée avec gravité. Celle du Ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement Durable, Hassan Bakhit Djamous, venu à la rencontre des forces vives de Sarh pour un plaidoyer sans détour en faveur de la nature.
Face à une salle remplie d’acteurs socioprofessionnels, d’autorités locales et de citoyens inquiets, le ministre a dressé un tableau sans complaisance de la situation environnementale du Moyen-Chari. Accueilli par le Délégué du Gouvernement, Abderrahmane Ahmat Bargou, il a été informé de la recrudescence inquiétante du braconnage, notamment de la part d’individus armés venus du Soudan. Ces derniers, non contents d’avoir ôté la vie à un agent forestier, s’attaquent désormais aux espèces emblématiques du Chari, dont les hippopotames, symboles de la richesse faunistique locale.
Dans une allocution ferme, le Ministre Djamous a rappelé l’interdiction stricte de toute activité liée au bois vert – coupe, transport, commercialisation – comme stipulé dans l’Arrêté n°022 du 12 avril 2018, renforcé en février dernier. Pourtant, malgré la distribution croissante de gaz butane pour freiner la dépendance au bois énergie, la déforestation gagne encore du terrain.
« Nous avons des lois. Ce qui nous manque, c’est la volonté collective de les faire respecter« , a-t-il martelé, regrettant la passivité de certains fonctionnaires et le déficit de sensibilisation des populations.
Appuyé désormais par la Loi n°023/CNT/2024, le gouvernement introduit des mécanismes innovants : principe du pollueur-payeur, incitations via les crédits carbone, sanctions renforcées. Mais là encore, l’application reste timide, freinée par l’incivisme ambiant et une méconnaissance criante des textes légaux.
Plus qu’un discours, la visite ministérielle marque le coup d’envoi d’une mission nationale de sensibilisation. Objectif : impliquer les communautés, mobiliser les jeunes, les chefs traditionnels, les écoles et les ONG autour d’un projet commun de préservation des ressources naturelles.
« Protéger notre environnement, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité vitale« , a souligné le ministre en conclusion, appelant à une synergie citoyenne durable.
La ville de Sarh, avec son patrimoine naturel et ses citoyens engagés, pourrait bien redevenir un exemple national. Encore faut-il que les actes suivent les paroles. Car dans ce combat pour l’avenir, chaque arbre sauvé, chaque geste éco-responsable compte.
Par NADJILEM ADOLPHE, Voix du Grand Moyen Chari