
Réunis en conclave le dimanche 6 avril, les sept chefs de cantons représentant la communauté Sara Madjingaye dans les provinces du Mandoul et du Moyen-Chari ont exprimé leur profonde inquiétude face à une série d’événements qu’ils qualifient de « graves dérives » imputables au Mbang Dayan de Bedaya.
Dans une déclaration solennelle, ces autorités traditionnelles accusent le Mbang Dayan d’« immixtions abusives », de violations de territoire, et de menaces répétées à l’encontre des chefs de cantons et autres figures coutumières locales. Ils évoquent notamment une descente musclée dans le village de Sewé, situé dans le canton Bessada, au cours de laquelle le Mbang, porteur d’une arme à feu, aurait fait procéder à l’arrestation du chef de village, du chef coutumier et du représentant des jeunes, sans notification préalable aux autorités compétentes.
Autre incident dénoncé : une tentative d’arrestation dans le canton Djoli ayant failli dégénérer en conflit violent, évité de justesse grâce à l’intervention du chef de canton local. En outre, les signataires du communiqué dénoncent l’instrumentalisation de la chefferie initiatique de Bangoul, incitée à se rebeller contre une décision interdisant la pratique de l’excision, jugée contraire aux droits humains.
Les chefs de cantons condamnent fermement ce qu’ils qualifient de pratiques illégales et de tentatives de déstabilisation des chefferies traditionnelles légitimes, affirmant que le Mbang Dayan n’a aucune compétence légale pour révoquer un chef de canton. À ce titre, ils rappellent les dispositions de l’article 21 de la loi organique n°13/PR/2010, qui stipule que seule l’autorité centrale, par décret présidentiel et sur proposition du ministre de l’Administration du territoire, peut procéder à une telle révocation.
Face au silence de l’administration, en contradiction avec les principes énoncés à l’article 15 de la charte d’éthique et de bonne conduite des autorités coutumières et traditionnelles, les chefs de cantons exhortent l’État à réagir avec fermeté.
Tout en réaffirmant leur attachement aux institutions de la République et à la politique du gouvernement, les chefs de cantons mettent en garde : en cas de récidive, toute collaboration avec le Mbang Dayan sera suspendue, et sa légitimité sera formellement rejetée.
« Le Mbang relève de l’autorité du chef de canton, non l’inverse. Il doit respecter les limites de ses prérogatives. » C’est en ces termes que les chefs de cantons ont demandé une interpellation immédiate du Mbang Dayan et de ses soutiens, qu’ils accusent de compromettre la paix et la cohésion sociale dans les provinces du sud.
Un document formel est signé à l’unanimité par les chefs de cantons de Koumra, Matekaga, Bessada, Bedaya, Djoli, Balimba et Koumogo.